Fluker, la baleine blessée par l’homme, est “à l’agonie” en Méditerranée

Fluker, la baleine blessée par l’homme, est “à l’agonie” en Méditerranée

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@alexis.rosenfeld © Alexis Rosenfeld / WWF

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Par Astrid Van Laer

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"Ce qui est surtout choquant, c'est le fait que des activités humaines aient pu la mettre dans cet état-là", alerte WWF.

“Elle est dans un état de maigreur terrible” : WWF attire l’attention ce vendredi sur l’“agonie” en Méditerranée d’une baleine amputée de sa queue. Pour l’ONG, ce rorqual commun baptisé Fluker est un symbole de l’impact des activités humaines sur les cétacés.

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Fluker est connu depuis des années par les experts du sanctuaire marin Pelagos, zone protégée créée entre l’Italie, la France et Monaco. Il était en effet déjà reconnaissable à sa nageoire caudale, appelée “fluke” en anglais, à demi amputée.

Mais depuis moins d’un an, la baleine a perdu le reste de sa queue, après probablement “une collision avec un navire ou un enchevêtrement dans un filet”, selon le sanctuaire Pelagos. Le cétacé aperçu plusieurs fois dans la zone ces dernières semaines, au point que les autorités ont appelé les plaisanciers à ne pas l’approcher, a été filmé par une équipe du WWF à bord de son bateau Blue Panda.

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“Elle est dans un état de maigreur terrible, on sentait qu’elle avait du mal à se déplacer”, a indiqué Arnaud Gauffier, directeur des programmes de l’ONG. Le rorqual commun, deuxième plus gros animal au monde après la baleine bleue, utilise sa queue pour se propulser et se nourrit notamment de petites crevettes krill en filtrant l’eau quand il nage. 

Des politiques pour lutter contre les filets de pêche “fantôme”

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L’ AGONIE D’UN GEANT / THE AGONY OF A GIANT Je viens de rentrer d’un reportage avec les équipes de la mission « Cap Cétacés » du @wwffrance Nous étions au large des côtes françaises pour étudier les rorquals communs. Nous avons assisté, impuissant, à un drame. Flucker la baleine sans queue est à l’agonie. Le Rorqual commun est le deuxième plus grand animal vivant sur terre avec une espérance de vie de plus de 80 ans. Flucker est le petit nom donné à un de ces rorqual commun. Observé depuis 20 ans on la reconnaissait à sa queue à demi-amputée. Résultat d’une première rencontre avec les hommes. La collision avec un navire lui à laissé cette cicatrice indélébile. Il y a moins d’un an sa deuxième rencontre avec les hommes lui aura amputé définitivement son moyen de propulsion. Flucker n’a plus de queue. Il semblerait que ce soit un engin de pêche abandonné appelé « filet fantôme » qui l’ai amputé du reste de sa queue. Ces « filets fantômes» sont un fléau pour la vie marine. Ces baleines ont la particularité de se nourrir à de grande profondeur de petite crevette, le krill. Privée de sa nageoire, Flucker ne peut plus plonger, et donc ne peut plus se nourrir. Amaigrie, affaiblie,Nous assistons à l’agonie du géant. Flucker meurt de faim depuis des mois. La baleine puise dans ses réserves. De jour en jour son état se dégrade la baleine essaye de plonger, en vain Filets de pêche abandonnés, augmentation du trafic maritime, pollution plastique, menacent continuellement ces seigneurs de l’océan. @wwffrance , Quiet-Oceans et @andromede_oceanologie travaillent activement sur un système anti-collision, On estime de 1300 à 1700 le nombre de baleines dans le sanctuaire Pelagos pour 40 collisions par an estimées et 3500 situations de collisions. Combien faudra t’il de Flucker pour prendre conscience de ce massacre silencieux ? • Photos by @alexis.rosenfeld • @wwf #marineconservation @wwf_med #whale #whales #savetheocean @sony.france #alexisrosenfeld #bluepanda #nature #photojournalism #photography #photooftheday @brutofficiel @brut.nature @divergenceimages #alphapro #sony @aqualungdivers

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Aujourd’hui, Fluker “peut plonger et se nourrir mais beaucoup plus difficilement que normalement, c’est ce qui explique sa maigreur”, a souligné Arnaud Gauffier. Fin juin, le sanctuaire Pelagos avait déjà confirmé la présence du rorqual, qui semblait “amaigri” et présentait “de nombreux parasites”.

À cette époque “Fluker parvenait à se déplacer (environ 100 km par jour), à plonger et se nourrir bien que difficilement. Cet individu, qui a étonné la communauté scientifique pour ses capacités d’adaptation, avait toutefois une chance de survie très faible”, a indiqué jeudi le sanctuaire, ajoutant :

“À l’heure actuelle, toute mise à jour et spéculation sur son état de santé sembleraient prématurées.”

Dans tous les cas, “ce qui est surtout choquant, c’est le fait que des activités humaines aient pu la mettre dans cet état-là”, a insisté Arnaud Gauffier, qui réclame la mise en place d’une “zone maritime particulièrement vulnérable” en Méditerranée nord-occidentale, très fréquentée.

Cela permettrait notamment de limiter la vitesse des navires, et ainsi le risque de collision mortelle avec les cétacés, alors que 10 à 40 rorquals communs sont tués chaque année de cette façon dans le sanctuaire Pelagos, selon WWF, qui plaide aussi pour le déploiement de systèmes anti-collision et la mise en place de politiques pour lutter contre les filets de pêche “fantôme”.

Konbini news avec AFP