On rêve tous d’éradiquer les moustiques, mais est-ce vraiment une bonne idée ?

On rêve tous d’éradiquer les moustiques, mais est-ce vraiment une bonne idée ?

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Les moustiques, cette plaie

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Par Clothilde Bru

Publié le

C'est l'animal le plus mortel pour l'homme. Serait-il possible de l'éradiquer ? Des scientifiques y réfléchissent sérieusement.

C’est la saison où ils prolifèrent. Le cauchemar de nos chaudes soirées d’été, la hantise de nos nuits, les moustiques sont de retour, et c’est une véritable plaie.

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En plus de laisser d’insupportables démangeaisons, leurs piqûres peuvent entraîner la mort. En réalité, le moustique est même l’animal le plus mortel au monde. Rien que ça !

Capable de transmettre pléthore de maladies parmi lesquelles la dengue, le paludisme ou encore le chikungunya, on estime que le moustique serait responsable de la mort de près de 750 000 personnes par an.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le paludisme a entraîné la mort de 435 000 personnes en 2017. Pour rappel, cette maladie est causée par des parasites qui sont propagés par les piqûres de moustiques infectés.

C’est le nuisible dont tout le monde rêve de se débarrasser. À part peut-être Aymeric Caron, qui a consacré une vidéo à la défense de l’insecte suceur de sang. Il est par là même devenu la risée de Twitter, le 30 juillet dernier.

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Alors que nous sommes nombreux à rêver d’un monde sans moustiques, est-ce que cela serait possible ? Pourrait-on éradiquer l’insecte volant ?

Bill Gates est sur le coup

Si de prime abord la question peut sembler frivole, en réalité, c’est très sérieux. “Des chercheurs travaillent à des systèmes OGM pour éradiquer les moustiques qui transmettent le paludisme”, explique Mylène Weill, directrice de recherche au CNRS à Konbini news. Depuis plusieurs années, elle développe des recherches sur l’adaptation des moustiques.

Il paraît même que la fondation de Bill Gates est sur le coup.

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“Je hais les moustiques. Les maladies qu’ils répandent tuent plus d’un demi-million de personnes chaque année. En réalité, les moustiques tuent plus en un an que les requins en 100 ans.”

Comment les chercheurs comptent-ils procéder ? Il s’agit de mettre au point des méthodes pour éradiquer de manière ciblée certaines espèces”, ajoute Mylène Weill.La question se pose donc de l’utilité de ces moustiques dans la chaîne alimentaire”, conclut-elle.

Qui se nourrit des moustiques ? En réalité, ils font partie du régime alimentaire d’énormément d’animaux à l’instar des poissons, des chauves-souris, des oiseaux ou encore des lézards.

Il existe des milliers d’espèces de moustiques même si “personne ne sait exactement combien”, selon la chercheuse. L’été dernier, le journal La Croix parlait de 3 500 espèces existantes, parmi lesquelles seules 200 s’en prendraient à l’homme.

Un insecte pollinisateur

Pour autant les moustiques ne se nourrissent pas de notre sang, comme on aurait tendance à le croire. “Leur nourriture c’est plutôt des fleurs, de l’eau sucrée, du nectar… Mais les femelles pour certaines espèces ont besoin d’un repas sanguin pour pouvoir pondre des œufs. Mais ce n’est pas leur nourriture habituelle”, explique la directrice de recherche au CNRS.

On comprend un peu mieux les propos d’Aymeric Caron. Face caméra, il a ainsi parlé du moustique qui nous agace comme d’“une mère qui essaie de remplir son rôle de future mère” ou encore d’“une dame qui risque sa vie pour ses enfants en devenir”.

Peu de gens savent que parce qu’il se nourrit principalement de nectar, le moustique joue un rôle dans la pollinisation. Toutefois, il pollinise peu par rapport à d’autres insectes comme les abeilles ou les bourdons, et il s’intéresse surtout à des plantes qui ne sont pas utiles à l’homme, précise La Croix.

Les moustiques font partie d’un réseau trophique, c’est-à-dire d’un ensemble d’animaux en lien les avec les autres”, explique Jacques Blondel, écologue et directeur de recherche émérite au CNRS au quotidien national. “Éradiquer les moustiques n’est pas sans conséquence pour les oiseaux.”

En revanche, à terme, se pourrait-il qu’on vienne à bout des espèces dangereuses pour l’homme — au risque de bouleverser notre écosystème ? “Il est impossible d’éliminer uniquement certaines espèces sans détruire l’environnement”, s’inquiète Jacques Blondel.

Une chose est sûre, si Bill Gates est sur le coup, on peut raisonnablement s’attendre à des résultats.