Covid en Inde : 315 000 nouveaux cas en 24 heures, un record mondial

Covid en Inde : 315 000 nouveaux cas en 24 heures, un record mondial

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© Sajjad Hussain/AFP

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Par Clothilde Bru

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Les cimetières et les crématoriums sont pris de court.

L’Inde a recensé près de 315 000 nouveaux cas de Covid-19 sur 24 heures, battant un terrible record mondial, tandis que la situation se tend dans les hôpitaux de New Delhi, qui sont confrontés à une pénurie d’oxygène.

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La deuxième vague épidémique, qui est notamment imputée à une “double mutation” du virus mais aussi au maintien de rassemblements de masse qui ont favorisé les contaminations, a de nouveau mis en lumière la vétusté du système de santé indien. Le ministère de la Santé a fait état jeudi de 314 835 nouvelles contaminations, un bilan quotidien qu’aucun pays au monde n’avait jusqu’alors enregistré.

L’Inde dénombre 15,9 millions de cas au total depuis le début de la pandémie, faisant du pays le deuxième le plus touché en nombre de cas, devant les 14,12 millions enregistrés au Brésil. Le Brésil, avec ses 212 millions d’habitants, déplore quelque 381 000 morts, soit deux fois plus que l’Inde avec son 1,3 milliard d’habitants.

Au total, 2 074 décès ont été recensés sur 24 heures en Inde, portant le bilan officiel de l’épidémie à près de 185 000 morts. Le nombre de cas et de décès par habitant reste cependant nettement inférieur à celui de nombreux autres pays. Reconnaissant que l’Inde livrait “une nouvelle fois une grosse bataille”, le Premier ministre Narendra Modi a demandé mardi 20 avril au soir, dans une allocution télévisée, à ses compatriotes d’en faire davantage face au coronavirus.

Pénurie d’oxygène

Plusieurs hôpitaux et cliniques de la capitale ont lancé un appel désespéré au gouvernement central pour qu’il fournisse d’urgence des réserves d’oxygène, afin d’alimenter des centaines de patients placés sous ventilateur. Mercredi, la capitale a reçu 500 tonnes d’oxygène, mais cet approvisionnement est bien inférieur aux 700 tonnes quotidiennes désormais nécessaires.

Le gouvernement de la mégapole de 25 millions d’habitants a accusé les États voisins, gouvernés par le BJP, parti de l’administration nationale du Premier ministre, de retarder l’approvisionnement. Mercredi dernier, la Haute Cour de Delhi a ordonné au gouvernement d’assurer le passage en toute sécurité des fournitures d’oxygène des usines aux hôpitaux de l’Inde.

“Nous ne pouvons pas laisser les gens mourir par manque d’oxygène […]. Vous mendiez, empruntez et volez, mais vous devez fournir”, ont déclaré les juges en demandant pourquoi le gouvernement “ne se réveille pas face à la gravité de la situation”. Des familles de malades désemparées sont contraintes de payer des prix exorbitants sur le marché noir pour obtenir des médicaments et de l’oxygène, et les réseaux sociaux sont inondés d’appels à l’aide désespérés. Les hôpitaux de l’État du Maharashtra (Ouest) et de sa capitale surpeuplée, Bombay, épicentre de la poussée de coronavirus, connaissent également de graves pénuries.

Rassemblements et double mutation du virus

Vingt-deux malades sont morts dans un hôpital de Nashik en raison d’une coupure d’alimentation en oxygène de ventilateurs pendant une demi-heure. “La plupart des patients sont renvoyés chez eux parce que nous n’avons pas assez d’oxygène et de Remdesivir pour les traiter”, expliquait à l’AFP mercredi Harish Krishnamashar, médecin au Ramaiah Medical College Hospital, à Bangalore (Sud).

Les cimetières et les crématoriums de l’Inde sont pris de court par le nombre croissant de décès. Cette recrudescence exponentielle, avec près de 3,5 millions de nouvelles contaminations depuis début avril, est notamment imputée à une “double mutation” du virus et à des événements de masse, comme le festival hindou Kumbh Mela qui draine des millions de dévots depuis janvier.

Les États du pays ont imposé différentes mesures de restrictions : depuis lundi soir, Delhi est confinée pour une semaine, tous les magasins non essentiels ont été fermés dans le Maharashtra et l’État d’Uttar Pradesh, qui compte 200 millions d’habitants, impose un confinement pendant le week-end.

Les États-Unis déconseillent désormais les voyages en Inde, même pour les personnes entièrement vaccinées, la Grande-Bretagne a ajouté l’Inde à sa “liste rouge”, Hong Kong et la Nouvelle-Zélande ont interdit les vols. La France impose désormais aux voyageurs en provenance d’Inde un isolement de dix jours à leur arrivée.

L’Inde a administré plus de 130 millions de vaccins jusqu’à présent et, à partir du 1er mai, tous les adultes pourront se faire vacciner.

Konbini news avec AFP