“Colère contre l’inaction climatique” : des collégiens organisent un die-in à Paris

“Colère contre l’inaction climatique” : des collégiens organisent un die-in à Paris

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Par Konbini News

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"Sécher pour la planète c'est plus important que d'aller à l'école !"

Ils sont (très) jeunes et en colère face à l’inaction des politiques pour le climat. Une quarantaine de collégiens ont organisé un die-in vendredi matin devant leur collège Honoré-de-Balzac, à Paris. Ils demandent un véritable projet de société écologique. 

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(© Julie Baret)

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Parmi leurs revendications, des “transports publics gratuits aux énergies vertes”

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Mais aussi le droit à une sensibilisation à l’écologie dans tous les établissements scolaires, et la prise en compte de la parole des plus jeunes dans le débat public. 

(© Julie Baret)

Pour Inès, collégienne, les établissements scolaires doivent aussi mettre en place des actions concrètes : “compost, cantine bio, interdiction des contenants plastiques…”

(© Julie Baret)

Le die-in s’est déroulé vers 8 heures du matin, devant les portes de la Cité scolaire internationale Honoré-de-Balzac, près de la porte de Clichy. 

(© Julie Baret)

“On est là pour montrer notre colère contre l’inaction climatique. Ce n’est pas vous qui le subirez, c’est nous et nos enfants ! Je n’ai pas envie de leur dire : ‘Vous allez mourir parce qu’on n’a rien fait.'”

Une tribune pour le droit à l’information

Les collégien.ne.s de Balzac sont aussi à l’origine d’une tribune “pour un enseignement plus approfondi sur les problèmes environnementaux, et ce dès la primaire”. Konbini news relaie leur message.

“Pendant le mouvement des jeunes pour le climat une prise de conscience importante est née chez les collégien.ne.s de Balzac. Cette prise de conscience a aussi impliqué de grands questionnements et de grands doutes sur notre avenir. Elle a réveillé en nous une peur et une colère par rapport à l’inaction de nos politicien.ne.s sur les questions climatiques.

À notre âge on se questionne beaucoup sur notre place dans la société et après de nombreux débats, assemblées générales, discussions entre amis, lectures, documentations nous avons compris une chose : si nous voulons nous assurer un avenir vivable pour nous et les générations futures notre devoir aujourd’hui est de lutter contre l’inaction climatique, lutter contre les inégalités qu’engendre et engendrera le changement climatique, préserver ce qu’on peut encore sauver en ressources naturelles et en biodiversité ou même éviter une 6e extinction de masse qui marquerait la fin de l’espèce humaine.

Nous avons lancé il y a quatre mois une enquête de « non expert.te.s » sur les installations écologiques (déchets de cantine, composts, isolation, chauffage, jardin, nourriture) présents dans notre établissement scolaire pour montrer que nous  pouvons faire changer les choses de manière concrète car montrer son désaccord est une chose mais faire évoluer la cause en est une autre.

Pendant le lancement de ces divers projets, nous avons trouvé un intérêt énorme chez les élèves mais d’un autre coté très peu de soutien au niveau de la direction de l’établissement qui nous a notamment interdit les assemblées générales à l’intérieur de l’école et nous a très peu  écouté. Les profs quand à eux ont étés très enthousiastes et heureux de voir des initiatives collégiennes ainsi que lycéennes et nous ont pour la plupart soutenus.

Nous remarquons aussi l’effort qui est fait par la cantine du collège qui achète des produits majoritairement Bio à un lycée agricole de Bougainville. Mais ce n’est pas suffisant notamment sur les besoins d’éducation sensibilisés à l’écologie et à l’urgence d’agir dans sa vie quotidienne.

Nous en avons marre de cette éducation nationale qui interdit l’accès aux débats sur le climat aux collégiens.ne.s (débat national sur le climat  du 15 mars). Nous en avons marre de la présence beaucoup trop importante des climatosceptiques dans les médias.

Nous en avons marre de cette utilisation abusive du greenwashing par les multinationales pour vendre des produits tous plus inutiles et polluants les uns que les autres et qui pervertissent dès la naissance notre rapport à la consommation.

Nous en avons marre des remarques incessantes faites aux jeunes écologistes : « Vous devriez allez travailler plutôt que de sécher les cours » ; « Vous vous faites manipuler par de faux articles destinés à faire le buzz » ; « Ce n’est pas comme ça que vous réussirez vos vies » ; « En fait vous n’y connaissez rien! » disent t’ils tous.tes, mais au fond nous n’avons jamais voulu de cet avenir et ce n’est pas nous mais nos parents et grands-parents qui auraient pu, qui aurait dû agir ! Mais nous vivons dans le moment présent et nous en voulons à ceux et celles qui ont aujourd’hui la possibilité d’agir mais qui ne le font pas.

Mais au lieu de rester dans nos divergences politiques et de s’enfermer dans nos désaccords nous nous battons, comme ces militants de longue date, comme ces villageois de Ungersheim (village complètement auto-suffisant) ou ceux de Correns (village totalement bio), comme ces jeunes dans les rues, comme ces habitants de la ZAD de Notre-Dame des Landes, comme Fatima Ouassak qui mène un combat pour des cantines avec des repas végétariens et contre l’inégalité de la répartition de l’information sur des sujets écologiques, comme ces chercheur.e.s qui étudient la biodiversité et qui tirent la sonnette d’alarme sur la disparition des ressources naturelles, comme ces journalistes qui parlent de questions écologiques et sociales sans tomber dans des clichés et qui couvrent sans relâche les mobilisations citoyennes…

Si nous pouvons aujourd’hui vous parler de notre engagement c’est parce que nous avons le privilège de disposer d’un accès à l’information, mais cet accès n’est pas réparti équitablement. Pour que ce droit puisse être partagé par tous et toutes, nous exigeons un budget du ministère de l’écologie et de l’éducation pour un enseignement plus approfondi sur les problèmes environnementaux, et ce dès la primaire. Le droit à l’information est un droit essentiel et fondamental et la connaissance sur notre avenir sur terre ne devrait pas être réservé au plus privilégiés d’entre nous.

Arrêtons ce dogme de l’énergie fossile qui par définition ne peut pas être utilisée indéfiniment, on ne peut pas produire à l’infini dans un monde fini. Nous exigeons des transports en commun fonctionnant aux énergies renouvelables et nous sommes contre un greenwashing sur les transports privés électriques qui envahissent nos espaces publics.

Depuis l’arrêt de l’exportation de déchets européens vers la Chine, les pays autour, trop faibles pour résister aux poids des pays européens, vont être engloutis par les déchets, donc nous exigeons l’arrêt du projet d’exportation de plastiques vers la Turquie et l’Inde, et imposons une véritable transparence au niveau du traitement de nos déchets en France et en Europe.

Comme l’écologie est une lutte pour tous et toutes le gouvernement doit baisser ces taxes sur le bio et le local pour que des produits sains et sans traces carbones trop importantes soient accessibles à plus de gens. Il n’est pas normal qu’un produit local, sans pesticides, ni hormones, ni herbicides, ni perturbateurs endocriniens,  soit taxé de la même manière qu’un produit qui en contient et qui a traversé deux fois le globe par avion.

Nous pourrions parler des heures et des heures des nécessités écologiques et de nos revendications, mais au fond, une demande, ou plutôt une exigence persiste : celle d’être entendu, celle qui transforme la parole en mouvement et le mouvement en actions, celle qui est à la base de la démocratie la voix du peuple. Alors faisons non pas une minute de silence mais une minute de bruit pour ceux et celles aux quatre coins du monde qui n’ont pas les moyens de faire porter leurs voix et n’ayons pas peur de croire en nos convictions !”

Les collégien.ne.s de Balzac