Quels métiers peuvent exercer les femmes en Arabie saoudite ?

Quels métiers peuvent exercer les femmes en Arabie saoudite ?

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© Photo : David Degner / Getty Images

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Par Clothilde Bru

Publié le

Dans le royaume wahhabite, tout contact entre les hommes et les femmes qui ne sont pas de la même famille est formellement interdit, ce qui limite sérieusement les possibilités d’embauche.

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Après l’automobile, c’est le secteur de la justice qui s’ouvre un peu plus aux Saoudiennes. Lundi 9 juillet, le ministère de la Justice a en effet annoncé que les femmes pouvaient désormais exercer la profession de notaire. Selon le site de CNews, douze d’entre elles auraient déjà reçu leur autorisation.

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Malgré toutes ces petites avancées souvent relayées dans la presse occidentale, on est encore loin d’une révolution féministe dans le royaume saoudien.

Dans cette société patriarcale, très peu de femmes travaillent. D’abord parce qu’elles sont sous tutelle, et ne peuvent ni ouvrir de compte en banque, ni faire des études, ni même recevoir de soins médicaux sans l’accord de leur mari, leur père ou leur frère selon les cas de figure. Pour travailler, il leur faut donc une autorisation. D’autre part, parce que beaucoup de secteurs leur sont interdits afin d’empêcher al ikhtilat (la mixité dans les lieux publics), comme l’explique dans le détail Vanity Fair. Difficile, dans ces conditions, d’accéder à un emploi.

Un des taux de travail féminin les plus bas du monde

Cette règle prévoit toutefois des exceptions. Les femmes peuvent en effet travailler dans les hôpitaux ou les établissements d’enseignement secondaire. Les secteurs de l’architecture, de l’ingénierie et des sciences politiques leur sont en revanche interdits d’office selon Madame Figaro, qui précise que cette disposition figure noir sur blanc dans le Code du travail saoudien.

L’Arabie saoudite fait partie des dix pays au monde dans lesquels les femmes travaillent le moins. Selon la Banque mondiale, le taux de travail féminin y est de 22 %. Mais s’il reste faible, ce chiffre a beaucoup progressé ces dernières années du fait des différentes politiques gouvernementales.

Dès 2011, le roi Abdallah prenait la décision d’ouvrir aux Saoudiennes un secteur bien précis du commerce : les magasins de lingerie. Plusieurs femmes s’étaient en effet mobilisées sur internet pour exprimer leur gêne face à la présence de vendeurs masculins. Ce grand changement ne s’est pourtant pas opéré sans encombre. Dans un tweet, l’écrivain conservateur Abdullah Mohammed Daoud avait même incité ses followers à agresser sexuellement les caissières afin “qu’elles prennent conscience des dangers qu’il y a à quitter le foyer”, comme le rapporte Vanity Fair.

Depuis 2015, les femmes du pays peuvent voter et même se présenter à des élections communales, rappelle le site de la RTBF. Les candidates qui se lancent doivent, même en campagne, respecter la sacro-sainte règle qui leur interdit d’être en contact avec des hommes. Leurs meetings se tiennent donc en retrait, soigneusement cachés derrière un rideau ou un paravent.

Après le commerce de sous-vêtements, d’autres secteurs ont peu à peu ouvert leurs portes aux femmes. Depuis 2017, elles peuvent ainsi travailler dans les métiers de l’optique ou du paramédical.

Une modernisation de l’économie

Depuis le mois de février dernier, les Saoudiennes sont également autorisées à créer leur propre entreprise, et ce sans demander l’accord de leur tuteur masculin, comme le rapporte Europe 1. Parallèlement, le parquet saoudien a annoncé son intention de recruter des femmes, ce qui constituerait une première. Le service saoudien des passeports a quant à lui déclaré avoir reçu “107 000 candidatures de femmes pour 140 postes vacants dans les aéroports et aux postes frontaliers.”

Autre piste étudiée par le gouvernement : le télétravail, qui permettrait aux femmes de participer à l’économie tout en se préservant du contact des hommes, explique Le Figaro.

Car l’enjeu est bien économique : si le gouvernement prévoit de porter la part des femmes actives à 28 % d’ici à 2020, il s’agit avant tout de rendre le pays moins dépendant des revenus du pétrole. Et pour ça, il faut de la main-d’œuvre.

Pour Clarence Rodriguez, ex-correspondante en Arabie saoudite et auteure du livre Arabie Saoudite 3.0, interrogée par Konbini news en mai dernier, l’apparente modernité du prince héritier Mohammed ben Salmane n’est qu’un vernis : “il se présente comme le symbole de la modernité, mais en réalité c’est la fermeture et l’archaïsme qu’il prône.”

Une chose est sûre : les femmes de ce royaume wahhabite n’en sont qu’au début de leur combat.

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