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La Nouvelle-Zélande alloue 10 jours de congés payés quand on veut quitter un conjoint violent

La Nouvelle-Zélande alloue 10 jours de congés payés quand on veut quitter un conjoint violent

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A mother and her two sons who have suffered domestic violence leave their home carrying their belongings. The Sarah Burke House, a women’s shelter, was founded as a safe haven for victims of domestic abuse and their families. (Photo by © Viviane Moos/CORBIS/Corbis via Getty Images)

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Par Julie Baret

Publié le

La mesure votée le 25 juillet tente d’endiguer le poids des violences conjugales en Nouvelle-Zélande où un cas est signalé toutes les quatre minutes.

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C’est une courte majorité qui l’a emporté au Parlement néo-zélandais. 57 voix contre 63 ont adopté mercredi 25 juillet la mise en place d’un congé spécifique aux victimes de violences conjugales : 10 jours de congés payés pour entamer des procédures, trouver la protection d’une association, rechercher un nouveau domicile ou une nouvelle école pour ses enfants… Soit quitter un compagnon ou une compagne violente, sans risquer de perdre son travail. La députée écolo Jan Logie, ancienne travailleuse sociale et bénévole dans les centres de refuge pour femmes battues, a bataillé pendant 7 ans pour que cette législation soit mise sur pied.

Selon elle, il s’agit d’offrir “une réponse de toute la société” et non plus seulement de la police, et d’amorcer un “changement dans la norme culturelle”, relaie le Guardian. En récoltant des témoignages de victimes, Jan Logie a en effet observé que la violence de nombreux bourreaux s’exprimait jusque sur le lieu de travail de leur victime, par des appels et des mails répétitifs ou des menaces adressées aux collègues. “Il y a là une tentative de briser leurs attaches à leur travail pour obtenir leur départ et leur licenciement et ainsi renforcer leur dépendance à leur compagnon”, explique Jan Logie, “c’est très commun”, ajoute la députée.

Pour cette même raison, la législation adoptée le 25 juillet favorise les mutations, les changements d’adresse mail et la suppression des coordonnées sur le site internet de l’entreprise. Mais l’opposition conservatrice craint un effet pervers : les employeurs pourraient “se mettre à scanner les candidates en se demandant si elles risquent d’être victimes de violences conjugales car au final cela affectera leur activité” argue Mark Mitchel du parti national opposé au texte, cité par l’AFP. Jan Logie défend au contraire une avancée favorable “pour la société, pour les victimes et les affaires” via Twitter.

Problème endémique en Nouvelle-Zélande

Premier pays occidental à adopter une telle mesure – et deuxième dans le monde après les Philippines en 2004 dit l’AFP -, la Nouvelle-Zélande est aussi l’un des pays développés les plus touchés par les violences conjugales. Le taux d’homicides intrafamiliaux y est ainsi deux fois plus élevé (par tête) qu’au Canada, en Grande-Bretagne ou en Australie. Dans ce pays où la population est plus de 10 fois inférieure à celle de la France, 29 adultes décèdent chaque année des violences conjugales, contre 138 en France pour l’année 2016.

Selon les médias locaux, la police néo-zélandaise reçoit chaque année 120 000 appels liés à des violences familiales, soit un toutes les quatre minutes calcule le Guardian, or 76 % des incidents ne seraient même pas signalés à la police.

La législation néo-zélandaise entrera en vigueur le 1er avril 2019 sur l’archipel du Pacifique ; les personnes qui demanderont ces jours de congé spécifiques n’auront pas à fournir la moindre preuve des violences subies.

En France, tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. En 2016, 29 hommes sont également décédés, victimes de leur compagne, ex-compagne ou compagnon ; ils représentent 21 % des victimes de ces violences.