Les serviettes et les tampons contiennent du glyphosate et des pesticides prohibés

Les serviettes et les tampons contiennent du glyphosate et des pesticides prohibés

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© Jane Khomi via Getty Images

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Par Julie Baret

Publié le

Dioxines, hydrocarbures aromatiques, pesticides… La liste des substances chimiques qui se logent dans les protections hygiéniques est longue. L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) la déroule dans une étude dévoilée jeudi 19 juillet.

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Perturbateurs endocriniens et possibles cancérogènes

Saisie en 2016 pour évaluer le risque sanitaire des produits d’hygiène intime, l’Anses a confirmé la présence de glyphosate dans nos serviettes et protège-slips, herbicide tant décrié outre-Atlantique pour sa commercialisation sous le nom du RoundUp, et dont la contestation en France a échoué à obtenir l’interdiction dans les textes de loi.

Des traces de lindane et de quintozène ont également été détectées, bien que ces pesticides soient interdits dans toute l’Union européenne depuis 2000. Même histoire pour l’hexachlorobenzène, proscrit de l’U.E. depuis 2004, et pourtant bien scotchés dans les culottes françaises. Ces derniers rejoignent notamment le rang des perturbateurs endocriniens suspectés, aux côtés du DnOP ou de la substance parfumante Lilial® ajoutée par les fabricants, détectés sur les produits d’hygiène “extérieurs” (serviettes, protège-slips), ou encore des dioxines et furanes présents dans les tampons.

L’Anses a également retrouvé dans nos serviettes et protège-slip de nombreux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) que l’on retrouve habituellement dans la fumée de cigarette ou les moteurs diesel, à l’instar du benzo[a]pyrène, un cancérogène probable. Or selon une étude Opinion Way réalisée en 2017, 91 % des femmes réglées utilisent ces protections.

Pourquoi tant de substances chimiques dans nos serviettes et tampons ?

Outre une contamination involontaire des matières premières, les fabricants invoquent les procédés de fabrication, comme le collage, l’assemblage ou le blanchiment des produits. Symptôme d’une société hygiéniste qui associe blancheur à propreté, les tampons et les serviettes sont en effet soumis à des procédés qui transforment le coton naturellement brun ou la cellulose en un matériau immaculé. Les dioxines et furanes, par exemple, qu’on retrouve dans les serviettes hygiéniques, pourraient provenir du processus de blanchiment par agents chlorés.

Point de salut du côté des coupes menstruelles (ou “cup”) dont l’Anses, si elle ne possède de suffisamment de données pour évaluer les risques, s’inquiète des composés organiques volatiles pouvant être libérés par le silicone ou l’élastomère, précise Le Monde. Ni même avec les produits labellisés Bio car “ils peuvent tout aussi bien être contaminés par des HAP, des dioxines et furanes ou des phtalates dans le processus de fabrication, via les colles ou les additifs”, avertit le professeur Gérard Lasfargues, directeur général délégué de l’Anses cité par le journal. Celui-ci est formel : “aujourd’hui, on ne peut garantir l’absence de produits chimiques dans aucun produit.”

Quelle toxicité ?

L’autorité de santé se montre malgré tout rassurante : aucune des substances chimiques retrouvées dans les protections intimes ne dépasse le seuil sanitaire. “Il n’y a pas de risque sanitaire notamment à long terme qui soit mis en évidence par notre expertise”, insiste Gérard Lafargue au micro de Franceinfo.

Surtout, l’Anses n’établit aucun lien entre ces substances chimiques et le syndrome de choc toxique menstruel (SCT), fortement médiatisé en 2015 par la mannequin Lauren Wasser elle-même amputée d’une jambe après un SCT. Le risque de déclencher cette maladie “rare mais sévère” augmente avec l’utilisation prolongée de tampons ou de coupes menstruelles, ou avec des tampons trop absorbants. En France, le Centre national de référence des staphylocoques recense en moyenne de 20 cas par an depuis 2010.

Revoir les procédés et informer les consommatrices

L’autorité sanitaire énumère tout de même ses recommandations pour les fabricants : améliorer la qualité des matières premières, réduire – si ce n’est supprimer – les substances chimiques dangereuses, en particulier les substances parfumantes ajoutées, et afficher la nature des matériaux et le procédé de blanchiment sur les emballages.

Ces pistes n’ont toutefois pas valeur d’obligation ; comme le rappelle l’Anses, la composition, la fabrication et l’utilisation des protections hygiéniques n’est encadrée par aucune réglementation spécifique en France.