Chasse à courre : halte à ce jeu macabre

Chasse à courre : halte à ce jeu macabre

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Par Clothilde Bru

Publié le

Des militants pour la défense des animaux se lancent régulièrement dans des entreprises de sabotage. Leur but : empêcher la pratique résiduelle de la chasse à courre.

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Pendant plusieurs mois, des militants pour la défense des animaux ont réussi à s’infiltrer dans un équipage de chasse à courre, aussi appelé vénerie. Le 17 mars, ils ont réussi à perturber le déroulé de la chasse sous l’œil de nos caméras.

Imaginez une meute de chiens lâchée à la poursuite d’un animal sauvage. Voilà le décor de la vénerie (du latin “venatus” qui signifie chasseur). En France, c’est le roi François Ier qui a transformé cette pratique en véritable art de vivre au XVIe siècle. Aujourd’hui encore elle continue à passionner quelques milliers de personnes.

Contrairement à la chasse traditionnelle qui s’est largement popularisée au fil des siècles, la vénerie reste un sport réservé à une certaine élite. Les chasseurs à courre représentent une minorité sur les 1,2 million de chasseurs en France. Ils seraient 10 000 à pratiquer ce sport de niche qui obéit à des codes bien particuliers : un costume, une musique de trompe, un langage, certaines races d’animaux…

On l’appelle aussi chasse à “courre, à cor et à cri.” Dans ce “sport”, seuls les chiens chassent, grâce à leur odorat et leur instinct de prédateur. L’homme, généralement cavalier pour la circonstance, ne fait que contrôler et suivre la meute. Elle serait donc moins meurtrière que la chasse traditionnelle.

Si la France a toujours été une terre de chasse, à l’ère du végétalisme et de la défense des animaux, la cause des chasseurs perd doucement l’aval de l’opinion publique. D’après une enquête IFOP relayée par Le Monde en décembre dernier, 84 % des sondés sont opposés à la chasse à courre, contre 73 % en 2005. Sur les réseaux sociaux, actions coups de poing et vidéos chocs se multiplient pour mettre un terme à cette pratique.

“C’est toi le roi des forêts ! Montre-nous que t’es encore le roi “

Le collectif Abolissons la vénerie est particulièrement actif. Toutes les techniques sont bonnes pour détourner les chiens de leur objectif : distribution de croquettes, barrages humains… Dans une autre vidéo, sujette à un avertissement, on peut entendre l’un des activistes bouleversé, hurler à l’attention d’un cerf qui tente de s’échapper par la rivière : C’est toi le roi des forêts ! Montre-nous que t’es encore le roi.”

Si certains élus de la République, à l’image de la sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol, soutiennent la cause de ces militants, les chasseurs bénéficient aussi d’appuis puissants. Le président de la République, Emmanuel Macron, ne semble pas favorable à l’abolition de la chasse à courre et envisagerait même de réintroduire la chasse présidentielle. À grands coups de communication, les chasseurs à courre savent aussi comment rassurer leurs soutiens et répondre aux attaques.

Dans une interview accordée en avril 2014 à Chasseur de France TV, le président de la Société de la vénerie, Pierre de Roüalle, avait déclaré : “Je vous annonce, la guerre est déclarée et là nous allons nous battre de façon très violente et je pense que c’est important que l’ensemble des chasseurs en prenne la mesure.”

Dans ce contexte de tensions et de mutation, Konbini News est allé à la rencontre des chasseurs et de ceux qui s’opposent à ces pratiques afin d’avoir une vision d’ensemble de la situation.

Comme on dirait dans certains jeux vidéo des années 1990 “let the fight begins” (“que le combat commence”).