Bientôt un don du sang sans conditions pour les hommes gays et bisexuels ?

Bientôt un don du sang sans conditions pour les hommes gays et bisexuels ?

Image :

© GUILLAUME SOUVANT / AFP

photo de profil

Par Hugo Coignard

Publié le

Un amendement déposé supprimerait le délai d'abstinence de quatre mois pour faire un don de sang.

Un homme homosexuel ou bisexuel, en couple monogame ou non, doit aujourd’hui observer une durée d’abstinence sexuelle de quatre mois s’il souhaite faire don de son sang. Cette discrimination, Hervé Saulignac (député PS) veut y mettre fin.

À voir aussi sur Konbini

Soutenu par des députés de son groupe parlementaire, mais aussi par des élus insoumis, communistes et de la majorité, il a déposé jeudi 25 juin un amendement pour supprimer ce délai d’abstinence.

À la loi de bioéthique, les parlementaires souhaitent que soit ajoutée cette phrase : “Les critères de sélection du donneur ne peuvent être fondés sur le sexe du ou des partenaires avec lesquels il aurait entretenu des relations sexuelles.”

Une tentative avortée en 2018

Le député Saulignac n’en est pas à sa première tentative. En octobre 2018, il avait déjà proposé un amendement similaire pour mettre fin à cette différence de traitement des individus en fonction de leur sexualité. La durée d’abstinence était alors encore d’un an.

Adopté en commission, l’amendement avait été retoqué en séance publique par la majorité, suivant l’avis du gouvernement. Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, expliquait préférer mettre fin à cette discrimination en agissant par décret plutôt que par la loi.

Une interdiction levée en 2016

Il faut savoir qu’avant 2016, il n’était pas permis à une personne homosexuelle ou bisexuelle de donner son sang. À l’initiative de la ministre de la Santé de l’époque Marisol Touraine, cette interdiction de 1983 a été levée, mais associée d’une durée d’abstinence de douze mois avant de pouvoir faire un don.

Sous l’impulsion d’Agnès Buzyn, ce délai d’abstinence a été abaissé à quatre mois depuis le 2 avril 2020. La ministre s’est notamment appuyée sur une étude de Santé Public France qui conclut à la stabilité du risque de contamination au VIH en passant de douze à quatre mois d’abstinence sexuelle.

Saluant l’engagement de l’ex-ministre sur le sujet, cela reste “largement insuffisant” pour les députés qui soutiennent l’amendement. “La suppression de cette discrimination devrait être dès aujourd’hui inscrite dans le marbre de la loi”, indiquent-ils dans leur exposé.

“Je crois que cette fois, ça peut le faire”

Cependant, rien n’est encore acté. Le projet de loi bioéthique doit passer en seconde lecture à l’Assemblée nationale à partir du 6 juillet, avant d’être retransmis au Sénat.

Hervé Saulignac est lui plutôt optimiste. “Je crois que cette fois, ça peut le faire. J’ai ouvert l’amendement aux cosignatures et j’en ai reçu de toutes les formations, y compris de LREM”, s’est réjoui le député auprès de Libération.