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Pour soutenir les infirmier·ère·s, des médecins québécois s’opposent à l’augmentation de leur salaire

Pour soutenir les infirmier·ère·s, des médecins québécois s’opposent à l’augmentation de leur salaire

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Par Justina Bakutyte

Publié le

Au Québec, un groupe de médecins estime que l’argent qui leur est proposé devrait être mieux redistribué afin d’améliorer les conditions de travail de l’ensemble du personnel médical.

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Ce n’est pas le genre de nouvelle que l’on a l’habitude d’entendre : au Québec, des centaines de médecins refusent que leur salaire soit augmenté. Une réaction surprenante de prime abord qui s’explique par la crise qui touche le secteur de la santé publique au Canada.

Pour l’association des médecins du Québec, les récentes augmentations de salaire négociées par les fédérations médicales sont “injustes et choquantes“, dans un contexte où les infirmier·ère·s, secrétaires médicales et autres membres du personnel “font face à des conditions de travail aussi difficiles“, notamment à cause des coupes budgétaires imposées par le gouvernement.

Le groupe en question a lancé une pétition, qui a actuellement récolté plus de 780 signatures.

Au Québec, les infirmier·ère·s expliquent qu’il leur est impossible de prodiguer correctement les soins qui leur incombent. Lucie Tremblay, présidente de l’ordre des infirmières, raconte :

“Il y a des infirmières qui sont [venues nous voir] en disant ‘Je vais m’auto-dénoncer [parce que] je ne suis pas capable de suivre mes obligations professionnelles.'”

La crise du milieu infirmier a attiré l’attention du public grâce au buzz suscité par une publication Facebook. Dans ce statut publié en janvier, Émilie Ricard, infirmière, témoigne :

“Je n’ai pas le temps d’aider ma PAB [“préposé aux bénéficiaires”, l’équivalent d’aide soignant, ndlr] à faire les changements de culottes d’incontinences parce que je suis “prise” avec mon/ma patiente instable. Donc ces autres patients doivent rester dans leurs urines/selles car ils sont trop lourds pour être changés par une personne. […]

Hey, j’ai pas envie de voir un membre de ma famille dans ces conditions-là ??!! C’est dégueulasse. Je suis brisée par mon métier, j’ai honte de la pauvreté des soins que je prodigue dans la mesure du possible. Mon système de santé est malade et mourant.

Je ne pense pas être la seule qui est démolie par la réalité des soins infirmiers, on a même plus le temps de soigner. Les employés tombent comme des mouches. Le mal est physique et mental.”

La pétition réclame que les fonds mobilisés pour augmenter les salaires des médecins, spécialistes, résidents et internes soient réinjectés dans le secteur hospitalier. Le texte de la pétition indique :

“Contrairement aux déclarations du Premier ministre, nous croyons qu’il y a un moyen de redistribuer les ressources du système de santé québécois pour promouvoir la santé de la population et répondre aux besoins des patient•e•s sans pousser les travailleuses et travailleurs au bout du rouleau.”

Le ministre de la Santé québécois, Gaétan Barrette, a quant à lui déclaré à la fin du mois de février :

“S’ils se sentent trop payés, ils peuvent laisser l’argent sur la table et je vous garantis que je saurai en faire bon usage.”

Il a cependant promis de s’intéresser à la crise des infirmier·ère·s.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet