Macron juge inacceptable de parler de “violences policières” dans un État de droit

Macron juge inacceptable de parler de “violences policières” dans un État de droit

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(c) CHRISTOPHE SIMON / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Pourtant, nombreux sont les manifestants à avoir été blessés, notamment par des tirs de LBD 40.

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La petite phrase a de quoi surprendre, voire de quoi choquer. En déplacement dans le cadre du grand débat national, Emmanuel Macron s’est entretenu hier avec des citoyens français à Gréoux-les-Bains, une petite ville située enProvence-Alpes-Côte d’Azur. Interpellé par une jeune femme dans l’assistance, le président a lancé :

“Ne parlez pas de répressions ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit.”

Dans la suite de l’échange, le ton employé par Emmanuel Macron est paternaliste, et la formule définitive : “Je refuse ce terme, tranche-t-il. Après des semaines et des semaines, moi, je constate qu’il n’y a aucun mort à déplorer du fait des forces de l’ordre”, souligne encore le chef de l’État.

Or, depuis le début du mouvement des gilets jaunes, de nombreuses personnes ont été blessées par les policiers en marge de la mobilisation. Selon le décompte réalisé par David Dufresne, qui recense les blessures sur Twitter et les partage sur le site de Mediapart, les violences policières ont fait l’objet de 500 signalements.

Ce dernier a d’ailleurs commenté la sortie du président :

Désormais indissociables de ces événements, les tirs de LBD 40 ont blessé énormément de manifestants, à l’instar de Jérôme Rodrigues, qui a définitivement perdu son œil suite à un tir le 2 février dernier.

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Selon le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, qui s’exprimait ce jeudi devant le Sénat, 13 095 tirs de LBD ont été enregistrés depuis le début du mouvement : “Depuis le début du mouvement dit les gilets jaunes, on compte environ 2 200 blessés parmi les manifestants, et 83 enquêtes en cours à l’IGPN et à l’IGGN impliquant des faits concernant des tirs de LBD.”

Une tentative de minimiser les événements de ces derniers mois ?

“Emmanuel Macron, habitué aux ‘petites phrases’ et au ‘parler cash’ n’en commet pas moins des impaires”, commente la sémiologue et spécialiste du langage Élodie Mielczareck, jointe par Konbini news.

Pour l’auteure de La Stratégie du caméléon, le chef de l’État pèche à nouveau par un “excès de verticalité”, dans lequel il s’est bien souvent illustré. “Ces derniers mois, ce genre de locutions, au lieu d’apaiser les conflits, les ranime”, estime-t-elle.

Mercredi encore, Amnesty International interpellait le gouvernement français sur son inaction face aux violences policières.