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États-Unis : en politique, les papis et les mamies ont pris le pouvoir

États-Unis : en politique, les papis et les mamies ont pris le pouvoir

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Donald Trump aux côtés de Mark Milley, chef de l’état-major de l’armée américaine, du vice-président Mike Pence et du conseiller à la sécurité nationale John Bolton. © Mark Wilson/Getty Images

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Par Astrid Van Laer

Publié le

En 2018, au pays de John F. Kennedy et de Barack Obama, le pouvoir est tombé aux mains de septuagénaires et octogénaires.

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Donald Trump aux côtés de Mark Milley, chef de l’état-major de l’armée américaine, du vice-président Mike Pence et du conseiller à la sécurité nationale John Bolton. © Mark Wilson/Getty Images

Donald Trump, 72 ans, est le plus vieux président jamais élu aux États-Unis. Le Sénat est dirigé d’une main de fer par un homme de quatre ans son aîné, le redoutable Mitch McConnell. Et Nancy Pelosi, adoubée par ses pairs démocrates mercredi 28 novembre pour prendre en janvier la présidence de la Chambre des représentants, fêtera en mars son 79e anniversaire.

Cette petite femme hyperactive ne fait pas son âge, une impression renforcée par les talons aiguilles avec lesquels elle arpente les interminables couloirs du Capitole, à Washington. Elle a stupéfié la galerie en les gardant lors d’un discours marathon de huit heures, debout, dans l’hémicycle, alors que les parlementaires prennent soin de chausser de confortables baskets pour de similaires performances.

La Californienne a déjà été “Speaker”, troisième personnage des États-Unis, de 2007 à 2010, mais elle n’a jamais lâché la tête du groupe démocrate, et apparemment aucunement envisagé de prendre sa retraite, conduisant les démocrates à la victoire aux législatives du 6 novembre. Elle remplacera le Républicain Paul Ryan, 48 ans. Son numéro deux a 79 ans. Le numéro trois, 78 ans.

Marche rapide et jogging…

Donald Trump © Leon Neal/Getty Images

Quel est le mystère de leur longévité ? Leur engagement, ambition et dynamisme intellectuel jouent sans doute un rôle, disent les gériatres. “La littérature scientifique montre que les gens qui ont un but et une passion vieillissent mieux”, dit à l’AFP Maria Torroella Carney, chef du service gériatrie à l’hôpital Northwell Health, près de New York.

“Je le vois dans plein de professions”, poursuit-elle, surtout chez les gens qui ont des postes à responsabilités, dans les entreprises comme en politique. Sans compter que les leaders politiques ou économiques ont accès aux meilleurs médecins. L’allongement général de la durée de vie renforce le phénomène.

Comment gardent-ils la forme ? En faisant de la marche rapide, en jogging, le long du Potomac, avait confié Nancy Pelosi en 2011 dans un entretien au New Yorker.

Le médecin Eric de Jonge dirige le service de gériatrie de l’hôpital universitaire MedStar de Washington. Il a suivi “d’importants personnages politiques américains”, mais ne dit pas qui. Bien dormir, bien manger, faire de l’exercice, avoir une “vie équilibrée” forment les piliers de la santé pour les plus âgés, explique-t-il à l’AFP.

Mais le stress de la vie politique, les meetings, les déplacements, les négociations nocturnes… Cela n’est-il pas nocif ? Au contraire, répond-il, “si vous aimez ce que vous faites, que vous avez de l’influence, ce n’est pas aussi stressant que ceux qui sont malheureux ou ont des problèmes psychologiques ou médicaux”.

“Ils doivent puiser beaucoup d’énergie dans le fait d’atteindre enfin le sommet de la pyramide, après 30 ou 40 ans à grimper les échelons. Pourquoi jetteraient-ils l’éponge ?”

Risque de démence de 50 %

Au Sénat, puissant club de 100 membres, l’ancienneté est le critère absolu pour gagner des présidences de commission. Beaucoup de sénateurs sont donc patients. Chuck Grassley, président de la commission des affaires juridiques, par qui passent les confirmations des juges de la Cour suprême, a 85 ans. Comme l’influente démocrate Dianne Feinstein, qui vient d’être réélue pour six ans.

Parfois, une réélection est celle de trop. En avril, le président de la commission très convoitée qui fixe les milliards de dépenses de l’État fédéral, Thad Cochran, 80 ans, a finalement démissionné après des problèmes de santé, des absences et quelques semaines de flottement.

“Je m’inquiète plus des gens au-dessus de 85 ans que de ceux qui ont 75 ans”, dit Eric de Jonge. Après 85 ans, le risque de démence est de 50 %, rappelle-t-il. Les septuagénaires gardent donc leurs ambitions intactes.

Donald Trump, qui adore les hamburgers, mais fait du golf et affirme ni fumer ni boire, répète qu’il se représentera en 2020. Il avait battu en 2016 Hillary Clinton, âgée de 69 ans à l’époque, et pourrait à nouveau faire face à des adversaires de sa génération.

Certes, une nouvelle garde de quinquagénaires démocrates s’active. Mais Elizabeth Warren, 69 ans, Joe Biden, 76 ans, et Bernie Sanders, 77 ans, fourbissent leurs armes.

Konbini avec AFP