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Élections européennes : au fait, où en sont les listes gilets jaunes ?

Élections européennes : au fait, où en sont les listes gilets jaunes ?

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(c) Eric Fougere – Corbis / Gettyimages

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Par Clothilde Bru

Publié le

Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est mal parti.

D’un côté, il y a Alliance jaune menée par le chanteur Francis Lalanne, et de l’autre Évolution citoyenne, portée par Christophe Chalençon – un gilet jaune qui s’était notamment fait remarquer en appelant la nomination du général de Villiers à la tête de la France, en décembre dernier.

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Et puis il y a tous les autres gilets jaunes, plus ou moins connus, qui ont choisi de rallier telle ou telle liste constituée par un parti “traditionnel”. On pense à Benjamin Cauchy, qui a fait part de son intention de soutenir Nicolas Dupont-Aignan dès le mois de mars dernier, ou encore à Jean-François Barnaba qui, après avoir tenté de lancer sa liste, s’est rangé avec Les Patriotes de Florian Philippot.

Ce vendredi 3 mai, c’est le dernier jour pour déposer sa liste de 79 noms au ministère de l’Intérieur en vue des élections européennes du 26 mai prochain.

Sauf imprévu, et après de nombreux atermoiements, il y a donc officiellement deux listes nées du mouvement des gilets jaunes qui sont officiellement dans la course. Mardi 30 avril, Francis Lalanne a annoncé qu’il prenait la tête d’Alliance jaune, née de la fusion avec la liste Ralliement d’initiative citoyenne (RIC), un temps portée par Ingrid Levavasseur, qui a finalement jeté l’éponge.

Cette liste est la plus crédible dans la mesure où un certain Jean-Marc Governatori, président de l’Alliance écologiste indépendante et soutien de la liste EELV menée par Yannick Jadot, se porte caution à hauteur de 800 000 euros. La liste se veut évidemment “apartisane”. Elle défend trois propositions principales : une taxation des transactions financières internationales, la taxation du kérosène lourd et la reconnaissance des ressources naturelles comme entités morales.

Hier, jeudi 2 mai, on apprenait qu’une autre liste avait officiellement été déposée. Portée par Christophe Chalençon, la liste Évolution citoyenne est transpartisane et rassemble des personnalités de gauche comme de droite. “Nous ne sommes pas pour sortir de l’Europe, nous sommes pour une Europe des nations fortes”, a-t-il précisé à l’AFP.

Quelles sont leurs chances ?

“Je ne compte pas voter pour une liste Gilets jaunes. On n’a rien à faire aux élections européennes. Aux municipales ou aux législatives, oui bien sûr, mais l’Europe ce n’est pas notre sujet”, commente Mathieu Blavier, gilet jaune de 22 ans interrogé par Konbini news. Toutefois le jeune homme qui cumule ses études avec son activité de chef d’entreprise, ira voter. “C’est un scrutin que j’attends, il faut voter, pour n’importe quel parti, contre La République en marche.”

Le parti présidentiel fait depuis plusieurs mois la course en tête dans les sondages, au coude à coude avec le Rassemblement national.

Même son de cloche pour José Espinosa, gilet jaune retraité qui habite Montreuil en banlieue parisienne. Selon lui, le mouvement des gilets jaunes n’a pas de vision pour l’Europe. “Une liste gilets jaunes aux européennes c’est une mauvaise idée, j’ai toujours pensé que ça diviserait le mouvement”, confie le septuagénaire à Konbini news. “Ce n’est pas un mouvement politique, c’est un mouvement social”, ajoute-t-il. Il partage l’avis de Mathieu Blavier, et considère qu’il faut faire barrage à La République en marche lors de ce scrutin.

Pour Marine, gilet jaune de 23 ans qui habite Brive-la-Gaillarde, c’est la montée de l’extrême droite qui est préoccupante. Pour autant, elle ne votera pas pour une liste gilets jaunes : “Il y a beaucoup de listes qui ont été créées, et j’ai vraiment peur que ça donne encore plus de voix à l’extrême droite”, s’inquiète-t-elle, interrogée par Konbini news. Ce vendredi, deux sondages mettaient le Rassemblement national en tête du scrutin européen, à 22 % environ.

L’autre menace qui pèse sur ces listes, c’est l’abstention. Par nature, le mouvement des gilets jaunes n’est pas vraiment proeuropéen. En plus d’être morcelées, ces listes pourraient pâtir d’un fort taux d’abstention parmi ceux qu’elles souhaitent représenter.

Selon une enquête mensuelle Elabe diffusée mardi 30 avril, toute liste estampillée gilets jaunes serait créditée à 2 %.