Affaire Benalla : le Sénat transmet à la justice les cas de plusieurs proches du président

Affaire Benalla : le Sénat transmet à la justice les cas de plusieurs proches du président

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(c) Alain JOCARD and Bertrand GUAY / AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Nouvel épisode du rapport de force entre l'Elysée et la chambre haute.

Nouveau coup de tonnerre dans l’affaire Benalla : le Sénat a choisi jeudi de transmettre à la justice non seulement le cas de l’ancien collaborateur de l’Élysée, mais aussi ceux de trois hauts responsables de la présidence, mis en cause dans le rapport accablant de sa commission d’enquête, rendu le 20 février dernier.

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Les cas d’Alexandre Benalla, de son acolyte Vincent Crase et de Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, sont transmis pour suspicion de faux témoignage devant la commission. Un délit passible de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, ont précisé des membres du bureau du Sénat.

Ce dernier a également décidé de transmettre au Parquet les déclarations d’autres collaborateurs d’Emmanuel Macron, dont Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence de la République, et le général Lionel Lavergne, chef du Groupe de sécurité de la présidence, selon ces sources. À partir des “incohérences” et “contradictions” relevées par la commission d’enquête, il reviendra au parquet de décider des suites à donner, a précisé à l’AFP un membre du bureau.

Interrogé par l’AFP, l’Élysée n’avait pas de commentaires à communiquer à chaud. “Dès lors que nous souhaiterons faire une réaction, nous vous la communiquerons”, a-t-on déclaré à la présidence.

Si le signalement de ces cas à la justice ne vaut pas condamnation, le Sénat, présidé par Gérard Larcher (Les Républicains), frappe fort dans un contexte de défiance de l’opinion publique vis-à-vis des politiques et d’un rapport de force entre l’Élysée et la chambre haute, dominée par l’opposition, sur l’avenir des institutions.

Une décision à la dimension politique

L’incertitude a régné jusqu’au dernier moment, personne ne voulant prendre le risque d’un pronostic sur la décision du bureau. Rien n’avait également filtré de la position de Gérard Larcher, qui s’était borné à déclarer : “On ne dira que le droit, rien que le droit, tout le droit.”

Avant cette réunion du bureau, les sorts de MM. Benalla et Crase semblaient déjà scellés : le président de la commission d’enquête, Philippe Bas (LR), et les co-rapporteurs Muriel Jourda (LR) et Jean-Pierre Sueur (PS) lui avaient demandé “de saisir le ministère public” de leurs déclarations sous serment, “susceptibles de donner lieu à des poursuites pour faux témoignage”. En outre, la mise en cause d’Alexis Kohler, Patrick Strzoda et le général Lionel Lavergne, confère une dimension politique à la décision rendue par les sénateurs, de par leur proximité avec Emmanuel Macron.

Le bureau du Sénat compte 26 membres qui votent à main levée, dont Gérard Larcher : 10 LR, 6 PS, 5 centristes, 2 RDSE (à majorité radicale), 1 LREM, 1 CRCE (à majorité communiste) et 1 Indépendant.

“Hara-kiri”

Le chef de file des Républicains, Bruno Retailleau, et des socialistes, dont Patrick Kanner, avaient poussé pour que le bureau transmette à la justice les cas des collaborateurs de l’Élysée.

Les centristes arguaient eux d’une autre logique. “Il peut y avoir des omissions, des inexactitudes, mais est-ce qu’il y a faux témoignage au sens pénal ?”, avait interrogé Vincent Capo-Canellas, membre du bureau, invitant à “ne pas instrumentaliser le Sénat pour régler des comptes avec Emmanuel Macron”.

Éric Bocquet, seul représentant du CRCE au bureau, avait estimé que s’il refusait de transmettre ces dossiers à la justice, “le Sénat se ferait hara-kiri”. Et d’ajouter : “Ça voudrait dire derrière conciliabules, copinages.”

Télescopage de l’actualité, Alexandre Benalla a écopé mercredi soir de nouvelles mises en examen concernant d’autres faits de violences en marge du défilé parisien du 1er-Mai et pour l’épisode du selfie le montrant avec une arme.

Konbini news avec AFP