Vatican : les nonnes dénoncent leurs conditions de travail proches de l’esclavage

Vatican : les nonnes dénoncent leurs conditions de travail proches de l’esclavage

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(c) Kevin Dooley, Flickr

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Par Clothilde Bru

Publié le

Consommation d’anxiolytiques, tâches indignes… des nonnes du Vatican lèvent le voile sur leur quotidien.

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“Le prêtre est tout, et la sœur n’est rien”, résume sœur Paule dans une enquête publiée ce jeudi 1er mars dans le magazine Donne Chiesa Mondo (“Femmes, Église, Monde”), supplément mensuel féminin du journal officiel du Vatican, L’Osservatore Romano. Plusieurs nonnes y témoignent de leurs incroyables conditions de travail. Cantonnées à des tâches subalternes, voire exploitées, elles racontent la différence de traitement entre elles et les prélats. Sœur Marie indique ainsi :

“Trop souvent, les sœurs sont asservies par l’Église. Certaines servent dans les habitations privées des évêques ou des cardinaux : elles se lèvent avant l’aube, préparent le petit déjeuner et ne vont se coucher qu’une fois que le dîner a été servi, la maison rangée, le linge lavé et repassé.”

France 24 publie des extraits de cette enquête, baptisée “Le travail quasi gratuit des sœurs”. Et le constat est édifiant. Malgré leurs diplômes, les religieuses sont en charge de toutes les tâches domestiques. “Est-il normal qu’une personne consacrée puisse se faire servir de cette manière par une autre personne consacrée ?”, s’interroge sœur Marie.

“Je connais des religieuses qui sont docteures en théologie et qui ont été envoyées, du jour au lendemain, faire la cuisine ou la lessive. Derrière tout cela se cache l’idée qu’une femme vaut moins qu’un homme.”

Elle explique comment certaines sœurs en sont réduites à prendre des anxiolytiques pour supporter ces “rôles de servitude”. La publication de cet article dans le journal officiel du Vatican révèle peut-être un changement des mentalités, ou du moins une prise de conscience. Le pape François a réagi dans un texte publié au lendemain de la publication de l’article, comme le rapporte Le Monde :

“Je suis préoccupé par le fait que dans l’Église elle-même, le rôle du service auquel chaque chrétien est appelé glisse souvent, dans le cas des femmes, vers des rôles de servitude.”

Un manifeste circule depuis sur les réseaux sociaux afin de réclamer l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’Église. Le sujet devrait être à l’ordre du jour ce jeudi 8 mars, la journée internationale des droits des femmes. Le même jour aura lieu la 5e conférence internationale “Pourquoi les femmes comptent”, à Rome.