Coronavirus : l’OMS privilégie la piste de l’animal “intermédiaire” dans la transmission

Publié le par Hugo Gabillet,

© HECTOR RETAMAL / AFP

C’est l’hypothèse "la plus probable".

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En visite à Wuhan, les experts de l’OMS ont jugé la piste d’une transmission du coronavirus par un animal intermédiaire “comme la plus probable“, au terme de leur mission dans cette ville de Chine frappée en premier par l’épidémie.

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Plus d’un an après la découverte des premiers cas de contamination dans cette métropole de 11 millions d’habitants, les experts ont balayé l’hypothèse d’une fuite d’un laboratoire, sans écarter celle d’une transmission par les produits surgelés, privilégiée par Pékin.

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La fuite d’un laboratoire improbable

Lors d’une conférence de presse ce mardi, Peter Ben Embarek, le chef de la mission de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la théorie la plus probable pour expliquer l’origine de l’épidémie reste celle de la contamination de l’être humain par un animal “intermédiaire. Cet animal n’a toutefois “pas encore été identifié“, a indiqué Liang Wannian, le chef de l’équipe de scientifiques chinois. L’hypothèse de la fuite d’un laboratoire, soulevée par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, est en revanche “hautement improbable“, a déclaré Peter Ben Embarek.

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Washington avait accusé l’Institut de virologie de Wuhan, qui mène des recherches sur des pathogènes très dangereux, d’avoir laissé s’échapper le coronavirus, volontairement ou non. Prenant le contre-pied de commentaires initiaux de l’OMS, le chef de la mission a également évoqué “la possibilité” d’une transmission du coronavirus “via le commerce des produits surgelés“. “Il serait intéressant d’examiner si un animal sauvage congelé qui a été infecté a pu être un vecteur potentiel“, s’est-il interrogé.

La Chine a fait état ces derniers mois de nombreux échantillons “positifs” au coronavirus sur des emballages de produits alimentaires importés. L’hypothèse d’une contamination par la chaîne du froid est souvent évoquée par les médias chinois, car elle tend à accréditer la thèse d’une importation du virus.

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Les animaux, suspects dans la transmission du virus

Le “rôle exact” du marché Huanan de Wuhan – premier foyer connu de la Covid-19 où étaient vendus des produits frais courants, mais aussi des animaux sauvages vivants – dans la propagation du virus “reste inconnu“, a concédé Peter Ben Embarek. Toutefois, la présence de lapins, furets et rats des bambous sur le lieu de vente en font des suspects potentiels, a noté Marion Koopmans, une experte de la délégation.

C’est à Wuhan qu’ont été rapportés les premiers cas de Covid-19 en décembre 2019. Mardi, Peter Ben Embarek a indiqué qu’aucune preuve faisant état de malades dans la ville avant cette date n’a été trouvée. Cette mission sur les origines de la transmission du virus à l’homme était jugée extrêmement importante pour tenter d’éviter une nouvelle pandémie. Cependant, elle a eu du mal à se mettre en place, la Chine semblant réticente à laisser venir ces spécialistes mondiaux de diverses disciplines comme l’épidémiologie mais aussi la zoologie. Les autorités chinoises s’emploient depuis des mois à instiller le doute sur l’endroit où le virus a pu commencer à infecter des humains.

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Une enquête semée d’embûches

Ultime signe de la sensibilité du dossier, la conférence de presse annoncée par l’OMS pour 16 h 00 (08 h 00 GMT) a ensuite été avancée d’une demi-heure par les autorités chinoises, pour débuter finalement peu avant 17 h 30. La mission de l’OMS aura été marquée jusqu’au bout par l’imprévisibilité.

Début janvier, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait publiquement fait part de sa “déception” alors que le départ de la mission était retardé d’une semaine et que certains des experts étaient déjà dans l’avion. Arrivés finalement à Wuhan le 14 janvier, les enquêteurs ont dû observer une quarantaine de deux semaines, la procédure habituelle pour tout voyageur venant de l’étranger. Suivis partout par les journalistes, les experts ont pu tweeter et donner des interviews par téléphone.

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Vendredi, Peter Daszak, un zoologiste qui dirige l’ONG EcoHealth aux États-Unis, avait affirmé que l’équipe avait eu accès à tous les endroits qu’elle désirait. Les spécialistes se sont notamment rendus à l’Institut de virologie de Wuhan et au marché de Huanan. Néanmoins, Thea Fischer, autre membre de la délégation, a déclaré ne pas avoir pu obtenir de la Chine les “données brutes” qu’elle souhaitait. “Je dois me fier à l’énorme quantité de données qui ont été analysées et qui m’ont été présentées“, a-t-elle déploré.

Konbini news avec AFP