Théories du complot : pourquoi les jeunes sont-ils plus touchés ?

Théories du complot : pourquoi les jeunes sont-ils plus touchés ?

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Par Clothilde Bru

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Les 18-24 ans sont 28 % à adhérer à cinq théories du complot ou plus, contre seulement 9 % des 65 ans et plus.

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Attentats du 11 septembre, Illuminati, “grand remplacement”, chemtrails… Les théories du complot rencontrent un certain succès chez les jeunes. C’est en tout cas l’un des enseignements d’une enquête sur le complotisme réalisée par l’Ifop pour la fondation Jean-Jaurès et l’Observatoire du conspirationnisme (Conspiracy Watch).

C’est la deuxième année consécutive qu’une telle étude est réalisée pour mesurer l’influence des théories complotistes en France. C’est ainsi qu’on découvrait, en 2018, que huit Français sur dix croyaient à au moins une théorie du complot.

Cette année, les sondés ont été interrogés sur une dizaine de théories du complot. Selon les résultats, deux Français sur trois sont “relativement hermétiques au complotisme”, tandis que “28 % des 18-24 ans adhèrent à cinq théories ou plus, contre seulement 9 % des 65 ans et plus”.

Pourquoi les jeunes ?

Selon le directeur de Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt, on peut envisager plusieurs hypothèses. La première est liée à la manière dont les jeunes s’informent. “On a constaté que les personnes qui s’informent via la presse écrite ou la radio sont plus protégées que les autres vis-à-vis des théories du complot”, explique-t-il à Konbini news.

Or, les jeunes s’informent principalement par Internet et les réseaux sociaux. Le fondateur et auteur principal du site met également en cause les “plateformes de vidéos en ligne” : “Les théories du complot marchent très bien en vidéos. Elles sont très visuelles, sensationnalistes, et fonctionnent sur cet effet de dévoilement.”

Autre piste : le niveau d’étude. Les jeunes sont plus vulnérables lorsqu’ils ne sont pas encore diplômés.“Ils ont moins de connaissances à opposer à une théorie du complot”, constate encore Rudy Reichstadt. Sont également évoqués les biais psychologiques, comme le rejet et la remise en cause de l’autorité, traits de caractère liés à la jeunesse.

Rudy Reichstadt évoque aussi le “besoin d’unicité”– un concept qui a émergé en psychosociologie et qu’on retrouve très souvent chez les personnes sensibles aux récits complotistes. C’est le besoin de se sentir unique, du fait d’adhérer à une théorie marginale. “On peut supposer que ce besoin est plus fort chez les jeunes, à un âge où on est en quête d’identité”, avance le commanditaire de l’étude.

Parmi les dix théories du complot soumises à appréciation, six recueillent l’approbation de plus d’un Français sur cinq, dont celle liée aux vaccins : 43 % des Français, tous âges confondus, sont d’accord pour dire que le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins. 

Autre théorie populaire, l’accident de voiture au cours duquel Lady Diana a perdu la vie : 34 % des Français pensent qu’il s’agit d’un assassinat maquillé. Enfin, 27 % des personnes interrogées pensent que les Illuminati sont une organisation secrète qui cherche à manipuler la population.